L'alimentation du cheval

Les caractéristiques de l'équidé

Le cheval est un herbivore typique monogastrique. IL a des lèvres très préhensibles (il broute "ras") et une dentition à croissance continue : il doit mastiquer longtemps pour que ses dents s'usent et pour une bonne salivation.

La digestion est un travail long : il faut laisser temps et calme au cheval pour manger. Ne pas demander un travail trop important juste après le repas.

L'estomac du cheval est petit : contenance pratique d'environ 12 litres; les aliments y passent vite, il faut donc le nourrir en petites quantités (au moins 2 à 3 fois par jour).

L'intestin grêle du cheval mesure environ 20 mètres. Il est le siège d'une digestion enzymatique intense mais brève concernant toutes les catégories de nutriments : protides, lipides, sels minéraux, glucides (sauf la cellulose, partie essentielle de l'herbe et du foin).

Le gros intestin est la partie la plus volumineuse de l'appareil digestif : 140 litres environ, le caecum (30 litres), puis le côlon sont le siège d'une activité essentielle de la flore microbienne : là, pendant environ 36 heures, la cellulose est transformée en acides gras volatiles, absorbés par le sang.

Dans le rectum se forment le crottins évacués plusieurs fois par jour : leur examen (forme, odeur, couleur, consistance) permet une appréciation pratique d'une bonne digestion.

Les besoins du cheval de randonnée

L'eau

Son rôle est de servir de véhicule aux autres substances et de faciliter les échanges nutritifs au sein des tissus.
Quantité d'eau nécessaire : 20 à 50 litres par jour, y compris l'eau contenue dans les aliments.
L'eau doit être limpide, claire, sans odeur ni saveur, d'une température variant de 48 à 60 degré F° soit 8 à 15,5 degré C°.
Attention aux eaux stagnantes, à l'eau de mer (diarrhée) et à l'eau trop froide (coliques).
Ne pas laisser un cheval privé d'eau se jeter sur un abreuvoir.
Nettoyer régulièrement les seaux et abreuvoirs.
Le meilleur abreuvement est l'abreuvement à volonté (abreuvoir automatique).
L'eau réchauffée par les rayons solaires est mauvaise, car elle ne contient plus d'acide carbonique dont la propriété est de dissoudre les déchets organiques qui, autrement, s'accumuleraient dans les articulations.

Energie

A l'entretien, pour maintenir son corps à 38° et pour que s'effectuent toutes les réactions métaboliques normales de l'organisme, les besoins sont proportionnels au poids vif du cheval, et sont calculés avec une unité : l'Unité Fourrage Cheval (UFC); elle correspond à l'énergie produite par 1 kg d'orge.

ON COMPTE 0,85 UFC PAR 100 KG DE POIDS VIF

Pour le travail, il y a deux paramètres : son intensité, sa durée avec aussi de l'approximation. Le travail de randonnée semble devoir être considéré comme un travail moyen et non léger. Certes, il est effectué surtout au pas, mais avec paquetage en plus, des dénivelés et des circonstances climatiques adverses.
Il semble correct de proposer de 0,5 à 0,7 UFC par heure de randonnée, en plus de la ration d'entretien.

Matières azotées

Elles assurent la constitution des cellules, donc de tout être vivant. Elles se mesurent en gramme de MADC (Matières Azotées Digestibles Cheval). Présentes surtout dans les muscles, mais aussi dans les os, elles s'éliminent sans cesse par l'urine, la sueur, les fèces. On évalue leur besoin à raison de :

70 G DE MADC PAR UFC DES BESOINS TOTAUX

Ces besoins sont couverts, en général, dans les rations courantes en tourisme équestre.

Les sels minéraux

Les matières minérales doivent aussi se trouver dans les aliments. La chaux, le phosphore, la potasse, la magnésie, le soufre, l'iode, le fer sont les plus nécessaire. Ces éléments entrent particulièrement dans la constitution des os, des dents et des liquides du corps.
En premier lieu, le calcium et le phosphore, sous forme de sels (phosphate de calcium) représentent les 2/3 du squelette dans la proportion de 7 Ca pour 4 P, soit un rapport "phosphocalcique" : Ca/P = 1,75 rapport qu'il y a lieu de préserver dans la ration, ce qui est le cas en général pour le cheval de randonnée. Ce rapport ne doit pas être inférieur à 1.
Le chlorure de sodium (sel) est important pour l'équilibre ionique (grosses pertes par transpiration)
Le magnésium est utile pour l'équilibre nerveux et contre les verrues du poulain.
Le potassium est fourni en suffisance.
Le soufre est utile pour les poils au moment de la mue.
Les oligo-éléments sont des minéraux nécessaires en quantité infime : cobalt, cuivre, fer, iode, manganèse, silicium et zinc.
Ils sont utiles pour diverses réactions au niveau cellulaire. Leur excès peut être néfaste, en particulier pour une bonne fixation du calcium.
Une "pierre à sel", à disposition du cheval, sera donc indispensable.
Le nitrate de potasse (salpêtre) une demi-once de nitrate de potasse, servie de temps en temps, dans l'eau de boisson, favorise le fonctionnement des reins.
La iodure de potassium sous forme de sel iodé, il préside à l'assimilation du calcium dans l'organisme, favorise une meilleure utilisation des aliments d'où augmentation plus considérables du poids dans le jeune âge et une économie des aliments.
Servi aux femelles en gestations, il active la sécrétion de la glande thyroïde et prévient les malformations du fœtus, le mal de nombril chez les nouveaux nés, cause de la mort de beaucoup de poulain--- les parturitions prématurées.

Le lest ou encombrement

Il se calcule en kg de matière sèche (MS). Pour bien fonctionner, le tube digestif du cheval doit être "rempli". Les fibres cellulosiques de l'herbe, du foin, de la paille au besoin, jouent ce rôle. On compte qu'il faut environ 2 kg de MS pour 100 kg de poids vif. Ce qui est respecté dans les rations habituelles.

Les protéines

Elles ont pour fonction primordiale d'assurer la formation des tissus chez les jeunes et de réparer leur usure chez les adultes.
Elle produisent de l'énergie, de la chaleur naturelle et une partie de la matière grasse de réserve.
Les aliments riches en protéine sont: Les trèfles, la luzerne; les tourteaux de lin, de coton et de soja; la farine de gluten; les drèches; les sons, les pois, les féveroles, les fèves etc...

Les hydrates de carbone (glucides)

Ces éléments constituent la principale source de l'énergie et de la chaleur naturelle. Les chevaux de travail ont surtout besoin d'une nourriture riche en hydrate de carbone.
Les aliments riches en hydrate de carbone: l'avoine, l'orge, le maïs, les foins de graminées (mil et autre fourrages riches en amidon)

 

Les graisses (lipides)

Tous les aliments renferment de la matière grasse, mais celle-ci y est généralement en plus faible production que les protéines et les hydrates de carbone. Les graines oléagineuses, les tourteaux de lin, de coton de soja en contiennent une forte proportion.

Les vitamines

On les trouve dans l'herbe, le foin, les fruits,...
FONCTION

vitamine A
croissance, cicatrisation
vitamine D
équilibre du calcium dans le sang
vitamine C
résistance à l'infection
vitamine B
système nerveux
vitamine K
coagulant
vitamine H ou biotine
synthèse des matières azotées (corne)

Leur rôle est de favoriser l'utilisation des principes immédiat des aliments. Les vitamines sont réparties en deux groupes, selon leur solubilité.

Les vitamines solubles dans l'eau:
vitamine C
vitamine B1
vitamine B2
vitamine B3
vitamine P

Les vitamines solubles dans les huiles et les graisses:
vitamine A
vitamine D
vitamine E

La vitamine C
Un régime carencé en cette vitamine, rend les os fragiles, causes des douleurs articulaires. On la trouve dans la Luzerne, l'herbe, les produits ensilés, les racines, la pomme de terre, les fruits frais, légumes verts (navet cru, chou, salade).
La vitamine B1
Cette vitamine permet de conserver l'équilibre nerveux. On la trouve dans l'herbe, les foins de bonne qualité, les graines de céréales, son et germe, le maïs jaune, les graines de légumineuse-- haricots, fèves, soja, carottes, navet, chou, jaune d'oeuf, levure de bière.
La vitamine B3
Elle sert à la combustion organiques, les individus adultes ont un plus grand besoin de vitamine B3 que les jeunes, vu qu'ils consomment davantage de glucides. La levure en est la principale source.
La vitamine P
Elle agit sur la croissance. L'excès de maïs dans le régime alimentaire est la principale cause de pellagre. Cette maladie se manifeste ainsi: faiblesse, trouble digestif, ulcère de la peau.
La vitamine P se trouve dans la levure, les graines de céréales, les aliments verts, le lait.
La vitamine A
Elle sert à la formation des tissus du jeune animal, sa déficience entraîne un arrêt du développement, des lésions oculaires, la maigreur apparaît et la mort survient à plus ou moins longue échéance. Cette vitamine augmente la résistance des jeunes.
On la trouve dans le beurre, lait, jaune d'oeuf, les céréales, le maïs jaune, les haricots, les pois, l'herbe, les fourrages verts, les foins de trèfles et de luzerne bien faits, la carotte, le chou.
La vitamine D
Elle préside au métabolisme du calcium et du phosphore, et ainsi concourt à la calcification des dents et des os, mais son action s'exerce surtout sur l'accroissement des os longs.
Sa déficience cause le rachitisme.
La principal source de la vitamine D sont l'huile de certains poissons, la levure irradiée, les feuilles vertes de luzernes et de trèfles ainsi que la carotte.
L'exposition directe aux rayons solaire favorise la formation de cette vitamine à laide des stérols de la peau.
La vitamine E
Cette vitamine favorise la fonction de reproduction. Les aliments qui en sont totalement privés causent la stérilité et provoquent l'avortement.
Elle se trouve dans les graines entières de céréales, les germes de blé, de maïs, les feuilles vertes de luzerne, les légumes verts.

BESOINS variables selon les vitamines

EXCES souvant dangereux
Exemple vitamine D : calcification anormale des organes (reins)

MANQUE rachitisme (vitamine D)
infertilité (vitamine E)

Absence de toxicité

Le cheval a besoin que sa ration ne soit pas toxique. Les trois causes de toxicité sont :
a) les plantes nuisibles ou vénéneuses (renoncules, colchiques, chardons, etc.) ou toxiques (pavot, if, fougère, belladonne, etc.)
b) les aliments mal conservés (moisis)
c) les aliments donnés en trop grosse quantité : une "overdose" de grains peut être mortelle ou générer une foubure.

Les aliments

Les aliments classiques

L'herbe

C'est l'aliment naturel, apportant tout pour l'entretien, la gestation, la lactation, la croissance pour les chevaux rustiques de petit format. Le pré est la meilleur façon de nourrir son cheval à l'entretien. Le cheval de randonnée doit être élevé à l'extérieur au maximum.
Un cheval, pour se nourrir, broute de 12 à16 heures par jour; 2 ares environ de pré sont nécessaires pour un jour et de 4 à 6 ares en montagne.
Pour une saison de pâturage classique (6 mois), il faut compter environ 0,5 hectare par cheval et de 2 à 3 hectares en montagne.
L'herbe est constituée surtout de graminées (les ray-grass, les fétuques, le pâturin, le dactyle pelotonné, le brôme, etc.) et aussi d'un peu de légumineuses(trèfles, lotier corniculé, etc.).
Plus l'herbe est jeune plus elle est riche en eau et MADC, plus elle vieillit,plus elle est riche en cellulose.
Pour le cheval, le stade optimum se situe lorsqu'elle atteint 15 à 20 cm.
La mise à l'herbe doit être progressive : une heure le premier jour, 2 heures le 2e jour, etc. Au bout d'une semaine, il peut rester constamment au pré.

Le foin

Outre ses qualités nutritives, il constitue également un aliment de lest : c'est de l'herbe séchée (85% MS)
Le foin doit être :
- récolté jeune (grosse proportion de feuilles) avant une épiaison complète
- emmagasiné complètement SEC
- stocké dans un endroit sec et aéré.
Il doit sentir bon, être propre, être vert, être sec mais souple et surtout ne pas dégager de poussière.
Proscrire les foin moisis (allergies, gastro-entérites), et poussiéreux.
Eviter de secouer le foin.
Le foin de la luzerne est très riche en azote et en calcium : il doit être donné en quantités plus faibles que le foin ordinaire.

La paille

Propriété : apport en cellulose - aliment de lest.
La paille de blé est la plus absorbante en tant que litière.
La paille d'avoine est la plus digestible.
La paille d'orge a des barbes dures et piquantes, mais c'est la plus nutritive.
Les pailles poussiéreuses ou moisies sont dangereuses.
Un excès de paille entraine une accélération du transit et donc réduit la digestibilité de l'ensemble de la ration - chevaux au vente ballonné. Inversement, un manque de paille ralentit le transit et entraîne des désordres intestinaux pour les chevaux constamment en stabulation.
Ne pas négliger le rôle de la paille dans l'équilibre psychique du cheval à l'écurie.


Les céréales

Elles sont très riches en UFC, car riches en amidon
Il faut les complémenter car elles sont dépourvues de vitamines A et D, et surtout, déséquilibrées en sel minéraux (excès de phosphore)

L'avoine (1l = 0,5kg)
C'est le moins énergétique des grains courants
Teneur élevée en cellulose, contient un alcaloïde : l'avénine (effet excitant)
Equilibrée en matières azotées, son excès perturbe la fixation de calcium
Les avoines noires sont plus nutritives
La bonne avoine doit être lourde, brillante, sèche et propre. Elle est appétente
Son poids est de 500g/litre.

Le maïs (1l = 0,75kg)
Est la céréale la plus énergétique, la moins cellulosique, un peu carencée en MAD (lysine).
Très utilisée en Amérique pour les chevaux.

L'orge (1l =0,6kg)
Elle est moins appétente, mais légèrement rafraichissante
Très utilisée au Maghreb et au Moyen Orient.


Racines, turbercules et autres, aliments azotés

Les chevaux sont friands de carotte, betteraves, pommes,...
Les aliments azotés :
Les graines de légumineuses : féveroles, pois, caroubes.
Les tourteaux de lin, de soja, de tournesol, d'arachide.
Levures sèches, farine de luzerne déshydratée.
Cependant, il faut être très prudent dans l'emploi des aliments azotés en excès : risque de fourbures, de coliques.


Les masches

A distribuer une fois par semaine en remplacement d'un repas.
Très appréciés des chevaux, ils ont une action émolliente.
Composition :avoine et orge concassées, son (le son une action émolliente), graines de lin, paille et foin hachés, sulfate de bicarbonate de soude et sucre.
Le tout doit macérer dans l'eau bouillante, puis être servi tiède ou froid dans les 12 heures suivant la préparation.
Distribués trop souvent, ils seraient déminéralisants.


Les aliments modernes

IL existe deux types de granulés:
Les aliments concentrés nécessitant l'adjonction de paille et de foin (aliments complémentaires).
Les aliments complets sont constitués de l'association de tous les composants nécessaires au cheval (céréales, tourteaux, fourrages déshydratés, farines, minéraux, vitamines, etc.).
Ils permettent un contrôle plus précis de l'équilibre alimentaire.
A la lecture des étiquettes, on peut s'assurer de leur composition.
Le stockage doit s'effectuer dans des locaux secs et aérés. Il faut respecter impérativement la date de délai d'utilisation.
Il existe des composés minéraux et vitaminés (CMV), à distribuer systématiquement si la ration est de type classique (foin + céréales), ou alors, mettre à disposition du cheval une pierre à lécher de type complet.